Homme Bleu (Nazim Mokhnachi) a démarré la musique il y a bien longtemps, avec les Blue Valentines, groupe mythique de rock français des années 80. Avec Dark Matter, réalisé à New York par Alex Conroy, l’artiste au long cours dévoile une palette où apparaissent deux titres enregistrés avec Tom Verlaine (Television) avant sa disparition. Ca aiguise l’attention, le début de l’opus tient en un I Ride à la pop gentillette, saccadée, plutôt légère et de recoins mesurément cold. Concluant, trop tranquille pour moi. Sleeping With My Boots On, à la mélopée entrainante sur motifs inspirés, fait mouche. Eagle Eye, pop-folk dirai-je, n’est pas plus offensif mais il assure, toutefois, la bonne tenue d’un ensemble trop bien tenu. Old Time Religion y sifflote, serein, décoré lui aussi avec goût. This Mortal Bed vivifie ensuite l’ouvrage, ça ne lui fera pas de mal! Mélodieux mais appuyé, il renvoie prestance et…trop grande prudence, qui se libère toutefois sur la fin de la chanson. Murder In Slow Motion prend la barre sur des tonalités psyché, cordées, de bon aloi. Stolen Kiss, au mitan du disque, privilégie le ressenti. Je guette le décollage, le vrombissement, les embardées qui à mon humble avis hisseraient l’album plus haut encore.
The Life In Me, pop-rock accomplie, va en ce sens. I Will Forget You lui emboite le pas, également remuant après son amorce douce. Il persuade itou. Dark Matter, éponyme, fait dans l’élégance. Il songe, s’envole sans heurts. Tout ici est bien fait, sans ire aucune semble t-il, ou presque, et c’est bien ça qui me frustre en dépit de la valeur récurrente des plages. The Knife Within, dépecé, reste d’ailleurs dans ces abords prudents qui jonchent l’effort d’ Homme Bleu. We’ve Come A Long Way se montre plus noisy, augurant d’une fin orageuse. End Of Summer (feat. Tom Verlaine) déploie une sphère spatiale, dépaysante, de belle facture, aux voix flottantes. Enfin You’re My Friend (feat. Tom Verlaine), céleste mais hérissé, racé, termine l’affaire en validant mon constat. Qualité globale et élans trop modérés voisinent, nourrissant une oeuvre sans défauts rédhibitoires.