Half Asleep est le projet de l’autrice-compositrice-interprète bruxelloise Valérie Leclercq. Depuis 2003, celle-ci a publié six albums sur différents labels belges (Humpty Dumpty, Matamore), français (We Are Unique ! Records, Another Record) et suisse (three:four), dont un disque collaboratif avec l’improvisatrice Delphine Dora. Bien d’autres efforts jonchent son parcours, jusqu’à The Minute Hours | Les Heures Secondes et ses « troubles sonores » attrayants. D’un Mater introductif où le piano fait merveille, qui mue ensuite en une emphase aux voix associées qui ne manque pas de valeur, on passe sur le deuxième jet –The Liberator– à une quiétude sur chants d’oiseaux aussi pure qu’assombrie. Orchestral mais sans se ranger, le rendu saisit. Yes no maybe yes again again no, fantaisiste, refuse lui aussi de se laisser classer. Il narre, dans une trame folk et free qui le fait reluire. L’instrumentation élargie est de marque, elle crédite l’ouvrage autant qu’elle le fait tanguer. Interlude 1 (invisible as music), bien que bref, sème une atmosphère fragile de bon aloi, légèrement craquelée. Dans son sillage The Sun (is a blood disorder), dont les cuivres valsent, allie liberté sonore et alliage des voix. Avec succès, et bousculant les formats connus.
©thomasjeanhenri
Le second volet pointe alors, dévoilant Interlude 2 (positive as sound) et ses cuivres fous. Excellent. Midnight seam outrepasse ensuite les huit minutes, mariant l’obscur et le chatoyant, faisant sensation instrumentalement. Et pas seulement. God of the sink après ça poste sa majesté, on remarquera au passage la foule d’invités concluants. Car sans heures ne puys en tire profit bien sûr, folk gracile. The Minute Hours | Les Heures Secondes est immersif, pas si inoffensif qu’il en a l’air. Ah! Whence is this? What is this severance? le borde joliment, encore une fois et pour la dernière fois la durée restreinte n’entrave en rien la (faussement) sage splendeur de l’issue.