MANUFACTURA est le projet d’un artiste Colombien, Karloz M, résidant à Los Angeles. Retrospective Exhibition est un recueil conçu par Pedro Peñas Robles, boss du très louable label UPR, qui l’a connu et côtoyé. On y trouve de l’Indus/EBM noire, grinçante, sans concession aucune. Du violent, subversif, qu’amorce le dialogue de The Drowning Possession dont les nappes spatiales et ondulantes opèrent de suite. Les voix dévient, dans l’élan Wild Heart Knives For Wild Heart Lives de ses secousses percutantes cingle lui aussi l’auditoire. Entrainant, le morceau ne ménagera personne. Il alterne les climats, puis All Things Must Die (Iszoloscope Remix) sur des tons tout aussi embarquant castagne une chappe entêtante. Killing You (Converter Remix), de phases tarées, poursuit l’entreprise de démolition mentale. Mis à mal on en redemande, Salamandrina (tribute to Einstürzende Neubauten) sur plus de sept minutes ténébreuses honore -au ralenti- la formation reprise. L’éventail est étiré, trituré aussi. WITH FERVENT RESURGENCE, classique par bribes, l’étend encore. Il s’emballe, ses boucles ravagent. Die Tonight feat. LexIncrypt suit, angoissant, déchiré. C’est pas la joie mais l’ensemble réjouit, dédié aux amateurs des créations de niche. Parallel Worlds s’y loge justement, orné de troués claires. Si si. Aérien, il précède ce All The Filth These Hands Have Touched endiablé, à la vitesse grisante et défrisante. Là encore la voix quitte la route, les motifs font mouche et l’insurrection prévaut. Canto Gypsy (Displacer Remix) R, au mitan, explore pour sa part un canevas clair-obscur, dans des cieux troubles.
Sur la deuxième moitié Eternal [Dreams of Darkness mix] (feat. L), fantomatique d’abord, monte sans hâte en intensité. Rise I lui succède entre chants brumeux et notes syncopées, on notera au passage la cohérente diversité du tout. A Killer (feat Erk Aicrag) s’y glisse, entre vocaux d’enfer et ruades indus dénuées de complaisance. Tourmenté, MANUFACTURA semble se purger et par là-même, convier l’écoutant dans sa captivante perte, histoire…de s’y retrouver. Mekanika Symetrika (tribute to Esplendor Geometrico) l’y aide, crissant, dans un fatras dément. Aroused Conviction avec ses loopings malades fait à son tour effet, croisant les mouvances au service d’une issue inclassable. They Embrace The Harbingers of Non Existence, au delà des dix minutes, ramène là une certaine forme de sérénité. Je vous le disais bien, qu’on allait s’y retrouver. Immuable ou presque, le morceau s’en nuage. Je parle à la Treichler, notons à ce sujet l’excellence du tout nouveau Young Gods. Fragments of Memories (Open The Dream), dépaysant, maintient le cap. Le malaise est palpable, addictif pour qui se drape de ce Retrospective Exhibition résigné. Loin d’être vain, l’effort réserve aussi un Rise II à l’errance possédée. Ou encore The Black Widow & The Serpent King, drone dirai-je, avant que Die For Me (Converter Remix) ne termine en instiguant des assauts incoercibles, d’un impact sonique tranchant et définitif à l’instar, somme toute, de l’entièreté de la série proposée.