C’est avec joie que j’explore le nouveau Tropical Fuck Storm, formation sur laquelle j’ai eu le tort de ne jamais réellement me pencher. L’erreur est aujourd’hui réparée, j’en remercie Alice et Jenna de chez Fire Records. Fairyland Codex en effet, loufoque et freaky, chanté avec déviance et dans un timbre qui marierait Nick Cave en version Grinderman, voix de dame harmonieuses et trames ondulantes, d’un joli travers, soniquement fantaisiste, m’a de suite traversé. Irukandji Syndrome voit les Australien(nes), d’emblée, servir un rock groovy, qui serpente et délire de par ses sonorités. Captivant, sur tapisserie de guitares remarquables et vocaux alliés. Goon Show, selon la même recette ou presque, laisse soudain filtrer une fissure noise démente. Elle se suit de chants féminins sacrément plaisants, amicaux. Stepping On A Rake, plus climatique, propose ensuite en calmant le jeu un apaisement de marque, avant un terme davantage bruitiste. Les réussites sont évidentes, Teeth Marché se pare de motifs subtils mais n’oublie pas de s’encanailler. Un brin lo-fi, l’album s’ébroue dans la prestance.
Fairyland Codex, éponyme donc, avoisine les neuf minutes. Il progresse insidieusement, d’abord ténu, ensuite plus emphatique. Il voit l’incartade pointer, courte. Magnifique, il laisse le champ libre à Dunning Kruger’s Loser Cruiser qui dépaysant, arty, prend la tangente. On dirait The Ex, ou l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. La composition titube, riffe sec, quitte ses gonds et se dévergonde. Le bonheur, destroy et foutraque. Bloodsport funke un peu, vivace. Il euphorise. Tropical Fu*k Storm est au sommet de sa forme, de SES formes, qu’il façonne et déconstruit avec maestria. Son bordel se visite sans compter, l’unique passage ne peut suffire à s’en inonder. Il importe d’insister.
©Jamie Wdziekonski
Sur la fin de l’opus Joe Meek Will Inherit the Earth, faussement tranquille, jazzy mais pas que, marque d’autres points. Bye Bye Snake Eyes l’imite, folk par bribes, psyché on dirait bien, vocalisé comme bien d’autres avec grand panache. Fairyland Codex distingue la clique de Melbourne qui en guise de cerise, dépose un terminal Moscovium à la distinction audible. Bluesy, il m’évoque les ambiances d’un Elysian Fields avec, en bonus, les voix de choix et des guitares fougueuses qui accompagnent une accélération rythmique. Impeccable fournée.