Après l’atmosphérique In C, articlé par ici, les Young Gods reviennent avec dans leur besace, un opus bien plus direct, dont la première écoute m’a de suite rappelé le mythique TV Sky que je continue à éprouver sans vergogne. APPEAR DISAPPEAR, c’est son nom, pourrait toutefois supplanter la galette des débuts 90’s tant son impact, inendiguable, irradie ici et par là. Aussi individuel que politiquement campé, on sait en converti les épreuves traversées par FRANZ TREICHLER, il s’amorce d’ailleurs par un APPEAR DISSAPEAR éponyme, tonitruant, aux riffs silex tirés de vraies guitares. Une galopade indus, électro virevoltante, entièrement ravageuse et qui de plus, traite avec agilité de la posture de l’homme dans ce monde infernal. Thèmes et mise en son se marient, les titres forts vont abonder. Le trio complété par Bernard Trontin et Cesare Pizzi, avec en tête de gondole ce morceau magistral, réussit la prouesse de maintenir une performance optimale. SYSTEMIZED, castagnant le sentiment d’être « avalé » par le système, offre des bourrades maison d’une force de frappe céleste comme physique. L’adresse plumée de Treichler, en l’occurrence, fait mouche et ce n’est pas là le seul exemple de sa dextérité.
BLUE ME AWAY, qui pour moi panse (et pense) la perte, poursuit dans cette veine offensive, mordante et ardente, en saccades percutantes. Le trio, après tout ce temps, se passe de rides. HEY AMOUR, bas les masques, crée le manque et Comme si c’était la dernière fois, révolutionne en copulant. Les mots, là encore, découlent d’une inspiration qui jamais ne s’est tarie. Le groove est imparable, traversé par des guitares « en guerre », comme le dirait l’autre guignol. BLACKWATER, ondulant, spatial, clin d’œil à trois jeunes femmes activistes dont l’une portait le nom -codé- de la chanson, trame un climat à la Only heaven. Egalement, je le précise, une de mes galettes de chevet. C’est dire à quel point, par ricochet – de samples-, j’adule ce APPEAR DISAPPEAR sans aucun creux. TU EN AMI DU TEMPS, où se parle l’amitié perdue mais perdurant, greffe textes géniaux et retenue suivie de coups de semonce sans ménagement. Le groupe est au faite; INTERTIDAL y flotte, de transition dans l’écrit comme au sein du disque, dans une finesse que lacèrent des guitares planantes.
©Charlotte Walker
MES YEUX DE TOUS, dans l’ajustement, la réflexion quant à nos actes, fussent-ils ou paraissent-ils minimes, lance une fin probante. Dans le ton de l’album, il lie tous les ingrédients Young Gods avec une cohérence bluffante. Fulgurances de dedans le ciel, gorgées de fiel, « lyrics » où puiser la pensée, électro helvète à la portée indus dont les Jeunes Dieux détiennent le secret. Elle arrose SHINE THAT DRONE, anti-drone et au delà de cela, anti-surveillance. Libre et acéré, un hymne aux zébrures et motifs régalant. APPEAR DISAPPEAR est de valeur globale, d’une attraction durable et se termine sur les grincements de ce OFF THE RADAR bridé, à l’amour subversif, à l’amour submersif, au gré de plans serpentant sans implosion, au bord du fil. Je joue et rejoue sans me lasser, depuis sa réception, APPEAR DISAPPEAR et sa cohorte de compositions au delà de tout soupçon, œuvre de trois hommes dont la talent va cette fois encore rallier et impressionner.