Pria unit Emilie et Stéphanie Pria, sœurs pianistes/chanteuses. Who will see me then est leur premier EP, entre beauté victorienne et tourment sonore comme si, somme toute, les dames traduisaient leurs jours. Ou les nôtres, ou encore notre ère. Cer Roșu, d’ailleurs, initie le tout dans une grandeur que le gris perce, au gré d’une montée au bord du strident. White Crystal Mirror suit, trip-hop aux voix distinguées, sans trop de heurts si ce n’est ce rythme marqué. Like Someone Said (to me), lui, recourt aussi à ces vocaux de marque, cerclés de sons craquelés. Les climats font effet, à l’unisson avec des sonorités d’émotions étendues. From Above, légr, cordé, se pare néanmoins de recoins ténébreux. J’aimerais, parfois, que la paire pousses ses écarts bien plus loin encore.
Avec The Sun Never Fails le presque immuable préside, nuptial, spatial, à nu enfin, proche de cela. On s’élève mais gare, l’énergie retombe. Mismatched & Contradictory suit, davantage bancal, fort de trouées à la Massive Attack. C’est dans ce registre, de manière affirmée, que je préfère Pria. Oak borde alors l’effort, sobre, sur une envolée mesurée et plutôt diaphane. Pria a de l’allure, peut-être trop car ça l’entrave, à mon sens, dans sa louable démarche de déviance sonore sans empêcher ce Who will see me then de briller de multiples feux à la flamme changeante, vibrante et perceptible. A suivre et, très certainement, à voir live dans l’obscur d’une salle aux lights tamisées.
Photos Elea Jeanne