Duo de sludge atmosphérique, incluant des bribes de doom, blackgaze et post rock, Nvage vient du 77. Clément Decuypere (vocals, 6-strings bass) et Jérémy Hourdoir (drums), en paire autarcique, lâchant là six titres enclumés, hurlés comme chantés plus sensiblement, qui les démarquent d’emblée. Savior, bulldozer sonore opaque, sauvage, donne le la et préfigure une approche personnelle, qu’ In Here relaie entre massivité et trouées post bien senties. Sans puissance gratuite, élaboré, l’ep attire. Games, de sa force de frappe céleste, de ses riffades triturées, assied l’emprise des deux hommes. Je songe, pour le « pesant » du rendu, au mythique Aggravation de Treponem Pal.
Come Alive, sur le second volet, dans les cieux, étend le champ. Il éclaircit l’ouvrage sans toutefois irradier, demeurant gris. Le cri s’y réinstaure, accompagnant une tempête nourrie. Suivent des temps plus mélodieux, dans ce chant qui fait preuve d’un relief certain. Nvage maîtrise son propos, Blind Eye se syncope en déflagrations de basse six cordes qui nous envoient dedans (je parle des cordes, vous l’aurez saisi). les beuglantes pourraient me lasser, pourtant je reste en phase. Les riffs, durs comme du silex, ouvrent la voie à des passages spatiaux. A l’heure où Haunted clôt l’EP, au gré d’un doomgaze écrasant, il va sans dire que l’expérience vécue vaut son pesant d’écoutes et crédite ses doués géniteurs.
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