Fruit de la rencontre entre la pianiste japonaise Midori Hirano et le musicien électronique russe CoH, tous deux aguerris, au parcours long comme le bras, Sudden Fruit suscite l’introspection, usant de paysages prenants. Incluse dans la collection Mind Travels, bien nommée, la collection enfantée à deux, donc, débute d’ailleurs sur un Wave to Wave où finesse japonaise et ombre(s) russe(s) déjà s’accouplent, capturant l’attention sans lui faire tension. Avec Shedding Shadows celle-ci est plus en relief quoique bridée, tapie dans…l’ombre, justement, d’une création où le beau et l’obscur vont de pair. Mirages, Memories, au troisième rang, déploie magnificence et soubresauts amicaux. Sans embardée, et c’est là qu’il me frustre mais le sentiment est contrebalancé par sa majestueuse portée, Sudden Fruit défriche tout en se réduisant à l’essentiel. C’est ce à quoi s’adonne Ahead of the Dawn, au pouls lent, jusqu’à bâtir des images fortes, propres à chacun en termes de ressenti. Alors que Sudden Fruit, éponyme, fait onduler son piano et se pare de détours dark.
©Markus Wambsgans
Immersif, l’opus se joue des sentiers, notamment battus. Flowers of Gravity flirte avec le trip-hop, racé ça va de soi, embelli par le noir et blanc qu’effleurent les doigts d’ Hirano. Play Echoes engendre une impression similaire, minimal, d’une vêture ni jazz, ni classique, ni même électro puisque ici tout se fond. Waltz for returnal suit, serti de motifs craquelés. L’esquisse a de quoi attirer, ses formes vont et viennent…Comme Si C’était la Dernière Fois, dixit Franz Treichler sur le tout premier Young Gods et j’en profite pour vous glisser que la galette helvète à venir, prévue pour le 13 juin, en fera valser plus d’un. Sur ce Sudden Fruit auquel je reviens c’est Disperse, à nu ou presque, qui se charge de clore un disque à part, saisissant, qu’une seule écoute ne peut à mon sens suffire à pénétrer.