Depuis Boston Fugue State, dans une sorte de déluge no-wave etc…pas piqué des hannetons, au gré de ce debut LP déjanté, se distingue. Dix titres le jonchent, le premier trace sa route furieusement (Moot Point), un brin rockab’ mais à l’arrache, débridé. Les guitares y tricotent; on dirait, tantôt, Joey Santiago des Pixies. L’essai est concluant, on en dira autant d’ In The Lurch qui éponyme, sort lui aussi de ses gonds. La vigueur est punk, le rendu ratisse large. The Pipeline, psyché finaud, alerte aussi, s’envole et hypnotise. Les vocaux s’y font crooner, mais de la sphère destroy. La dextérité du trio s’entend, il peut sonner 70’s mais à la sauce d’aujourd’hui, il esquisse ses propres formes. Des fulgurances arrivent, en vrilles vertigineuses. Mundane Man, à la Cramps, à la Spencer aussi, dégomme un rock éruptif. I’ll Keep It In Mind affine le rait, sa durée étendue lui fait alterner assauts et plages célestes avec, notons-le bien, un penchant certain à quitter le bitume.
Tout se tient bien par là, Facts offre un harmonica de marque. Il finit par rugir, s’emporter. On est preneur, les embardées de Fugue State valent plus qu’un simple détour. Joie De Vivre fuzze, perfore, laisse ses sons déraper à l’envi. Le chant vocifère encore, pour une issue de qualité. Connecticut Girls riffe lourd, heavy, hard d’antan, hirsute et sans courbettes. I Don’t Wanna Be Here opte lui pour un blues dégingandé, au terme appuyé. Nul ennui sur la galette, Abscess la clôt spatialement et psyché dans un premier temps, prend ensuite la tangente sur une instrumentation enrichie. In The Lurch a de l’allure, il défigure aussi et recèle son lot d’excellents morceaux, dans un genre qui de surcroît lui appartient.