Chez Lésion Etrange on déniche Joe et Alex, passés par diverses formations dérangées et chez Muzzart honorées (Schleu, Saddam webcam, Tombouctou, Neige morte…), unis à la cause de l’expérimentation poussée. Ce deux (longs) titres éponyme est leur premier LP, on s’y transe dans les empilements et répétitions à la crue quasiment permanente. ALPHA, d’abord, m’évoque les déraillements d’un Sonic Youth. Ou Oiseaux-Tempête, c’est selon. Sur plus de vingt-trois minutes il laisse déborder sa lave, pose un break psyché, filtre des motifs rythmiques qu’un arrière-plan céleste bien grisé souligne. Puis le fracas reprend, martelé par le drumming, lacéré par les guitares. Le terme est tout bonnement déjanté.
Immersif, le morceau capture la grise matière. Passé cette première dégelée se profile OMEGA, dont les loopings de départ entre noisy, shoegaze et psychédélisme perché assurent leur effet. Le bruit se produit, Expressway to your skull baby! De lancinances en torrents sonores, Lésion Etrange barbouille l’azur. Là aussi l’embardée retombe, faisant émerger une beauté presque pure, non souillée. Celle-ci, finalement prolongée, termine une pièce singulière, inclassable et exigeante, que les écoutilles exercées attraperont très certainement avant celles qui vierges de toute audace, iront quêter chez les creux et sages dont Lésion Etrange, à coup sûr, n’est pas.