The Archetypal Syndicate est un trio constitué de Paul Wacrenier (Healing Orchestra, Healing Unit, Kami Octet), Karsten Hochapfel (Naissam Jalal, Le Cri du Caire, Odeia) et Sven Clerx (Surnatural Orchestra, Wassim Halal). Guembri, lamellophones (Mbira du Zimbabwe, Likembe du Congo Brazzaville), guitare portugaise, banjo, gong pékinois, Tam, gamelan, Daf oriental et cloches africaines (assemblées au sein d’une « méta » batterie) font le piment d’un son pétri de musiques traditionnelles de tous bords. Dès lors, nulle surprise à ce que Happy Transmutation, deuxième album de cette clique de mutants aux dérapages fréquents, passionne son monde. 27 NewBorn Dance, africanisant, amorce la plongée et déjà, le rendu s’écarte des droits chemins. Saccadé, presque transe, il produit un bruit world significatif. Tiger’s Breath, « clocheté », free, strié, façonne un climat qui étrangement, m’évoque quelque part les premiers Sonic Youth. Witch’s Pot, dans son sillage, s’étend sur des phases hypnotiques. Horizonarise, moins sombre, souffle un jazz d’élégance que de soudaines lézardes et syncopes de drummming saignent. Immersif et extrêmement créatif, l’album a de l’allure.
Pretty Moon Garden, où j’entends de loin The Ex, suit lui aussi des courbes avantageuses. Beltane Sabbat, plus « inerte », retient de par ses nappes. Il y a fort à parier que Happy Transmutation, chez l’humain aux oreilles dressées et éveillées, se fera entendre. Passing Through, vacillant, lui fera impression. Non Local Singularity, d’une texture vive, dissonante et embarquant, étendra le trip. Celui-ci est typé, à part, redevable à ces trois hommes aux limites bannies. Opus Nigredo, en flux obscurs, nuageux, n’en a d’ailleurs guère. Il drone, puis Lluvia De Oro orchestre une noise plurielle qui elle aussi rameute au gré d’un raffut racé. Il est bien évident que ce disque, si on le néglige, ne se livre pas. Il faut s’y plonger, tout entier, pour en vider la substance. Tipharet, joliment cuivré, quasiment de chambre, bigarré, en atteste. Meet Johnny Night Fox, dont la chape assombrit l’azur, taloche à son tour l’approche de The Archetypal Syndicate. Enfin Cosmic Lullaby, céleste et d’apparence sereine, au terme d’un opus saisissant, contraint à encore, face à une œuvre à aller chercher, revisiter celle-ci pour entièrement la capturer.
©Celag