Trio où nichent des musiciens issus de la scène noise punk parisienne (Tabatha Crash, Sons of Frida, (the) Kandinsky Komplex, SK\LR, Kalicia Katak…), Hélice Island compte dans ses rangs Aurore Bastin (violoncelle, chant), Sophie Katakov (batterie, choeurs ) et Benoit Malevergne (guitare, chant, cornet à piston). Arnaud Delannoy (trombone basse, grosse caisse et contrebasse) s’adjoint au trio sur quelques instants, ça nous donne Le Désordre et sans plus attendre le slowcore « cuivré-cordé » de Step enchante de par sa retenue merveilleuse. La couleur du projet est unique, By the water s’inscrit lui aussi dans une beauté sur le fil, raffinée, faite maison. The darkness hausse le ton, plus enlevé, en mariant ses chants qui eux, virent plus vindicatifs. L’album est varié, jamais figé. Le jeu des musiciens est vrai, peaufiné, tantôt plus rêche. Le Désordre, vite, met de l’ordre dans nos goûts. Il en a (du goût), il en regorge même, concocté par une clique fiable. Elon, lo-fi sereine qu’encore une fois les vocaux sertissent joliment, songeusement, paresseusement ou presque, s’ajoute au listing des réussites.
Sur la deuxième moitié About a boat, qui tangue dans une forme de dissonance parée de prestance, menace de rompre. Il se termine alors, irrésistible. Star, d’abord alerte, laisse violoncelle et rythme haché faire le job, pour une issue sans défauts. Tout, sur Le Désordre, concourt à ce qu’on le valide. Le sadcore de Take a left, d’ombre et de magnificence instrumentale, s’offre des incartades quasiment noise mais pas tout à fait. La pochette, notons-le également, est superbe. L’aquarelle y est signée Nina Vigot, le design Madeleine Armnjn. What a night conclut le tout, au gré d’une poussée jazzy séduisante. A l’écoute me vient en tête une formation dont le nom m’échappe mais retenons avant tout qu’ Hélice Island, excellent, ne doit rien à personne. Son approche est porteuse, sa patine singulière et quelques coups de sang parsèment son opus jusqu’à le magnifier dans sa totalité, au point d’en faire l’un des incontournables de ce mois de janvier.