Musicien dans Leopardo, VHS Punk et LFOFI, JPPN soit Julien Papen donne une suite, avec ce World K.O., à son premier EP « Theelevator » et son premier album « Fuck That ». Il y jongle, sur un ton lo-fi, entre synth-punk, hardcore-punk et bazardage maison, réalisé seul, donc, avec autant de brio sonore mélodieux vicelard que de « braillage » imparable (You were a people like me). L’Helvète a tombé le survêt’, il fonce bille en tête et nous sert une palanquée de morceaux qu’on validera sans tarder ni rechigner. Lies about lies débute sans équivoque, punk et rapide, un peu « synth » aussi. JPPN n’a aucun attrait pour la concession, ne s’embrasse pas de fioritures mais à côté de ça, il se refuse à faire dans le tout-direct. Psychological stress, sur une tchatche qui évoquerait de loin Sleaford Mods, laisse ses synthés dérailler. Ses riffs sont francs, sa vêture cheap et adaptée. Fruit d’une coprod’ de qualité, World K.O. vise…le chaos, de manière intelligente. Le procédé en fait un très bon disque, cadeau béni à la frange indé plus que convertie. Procrastination, pour asséner des guitares crues et des décors joueurs, ne remet pas au lendemain. Son chant est garage-pop, lo-fi.
Passé le You were a people like me cité plus haut, Low battery fade out fait montre, comme à l’habitude ici, de jolies notes. Celles-ci s’insèrent dans un rendu franc, bien ficelé même si c’est avec trois bouts d’corde. Dans le monde de JPPN, au contraire de celui où tout se réalise à coup de biffetons, on fait (très) bien avec peu. On soigne ses mélopées (ce même titre), on fait, plus loin, dans l’urgence punky (Anillathion). Walkie talkie, dans une matelas de feuilles pop, psyché, fait merveille.
On l’aura compris, JPPN est un bon, à l’image des trois structures à l’origine de sa sortie. Luna bronx s’offre des teintes bluesy, se pose en tube indé délié. Papen se distingue dans le doucereux, secoue avantageusement dans l’agité. L’éponyme World K.O, dans la seconde option, bastonne sec. Il touche au hardcore, crie, ne rétrograde jamais. On est en présence, ne le nions pas, d’une rondelle à la tenue constante. Cette dernière joue avec l’indus, y sème cold-wave et scories dream (Fine). En mélangeant ses ingrédients, l’artiste obtient un excellent bouillon. La marmite est fiable, en ébullition parfois, à l’ancienne. C’est dans les vieux pots, de toute façon, qu’on fait la meilleure soupe. Celle qu’il nous sert se boit à grandes lampées, soniquement c’est pas d’la soupe! Loin s’en faut…
Ainsi avec Eternal time, on flotte. JPPN se fait beau, psyché. Mais gare! Son Stay dirty, un brin crado, marie sons sales et jolis, tempo hésitant et voix éparse, en errant librement. Libre, le bonhomme l’est. C’est bien ça qui, au bout du compte, lui permet de concevoir un album de qualité, avec pour base d’élaboration la passion, des idées et un esprit large et ouvert.