Quatuor psych-soul(et un peu plus que ça) « from LA », Chicano Batman pratique, depuis 2010 en termes de sorties discographiques, un son funky dansant, un brin acidulé, qu’Invisible people retranscrit avec brio et avec le pouvoir, précieux, de semer bonne humeur et diversité de tons. En effet, on y passe de salves enlevées (Polymetronomic Harmony), où les sons prenants sont légion (c’est d’ailleurs le cas un peu partout sur la rondelle) à un essai à la coolitude funky qui balaie la morosité (le bien nommé Color my life qui ouvre le bal); on passe aussi par du suave rythmé (Blank Slate), sans jamais nuire à la bonne tenue du produit, ou sautillant (I Know It).
D’entrée de jeu, on relève l’apport des sonorités, sans cesse attrayantes. Joyeuses et acidulées, un tantinet déjantées à certains endroits, elles génèrent des gimmicks qui viendront à bout des plus résistants. Après un Freedom Is Free (2017) salué par la critique, Chicano Batman (on y pense évidement, ça et là et entre autres, à Prince) semble revenir dans une forme à nouveau optimale, aidé en cela par Shaw Everett (Beck, War On Drugs). De salves synthétiques folles (Manuel’s Story) en touches funk typées, la danse survient vite. L’éponyme Invisible people, posé, renvoie de manière fatale ces sons dont l’écoute ne peut laisser les corps inertes.
Qu’il fasse dans le doucereux (Moment of Joy) ou se montre plus offensif, Chicano Batman fait montre de vertus évidentes. Pink Elephant est joueur, souffle lui aussi des sons qui font remuer les petons. Le Polymetronomic Harmony cité plus haut hausse le rythme, confirmant la valeur de ce Invisible people. Ses claviers fusent, il entraîne tout son monde et fédère sévère.
Ici, on prend un virage soul virevoltant (The Way), truffé de bruits malins et pas normés. On coupe l’élan, on place une incartade psyché bien entêtante. Ailleurs, on joue une pop-funk rutilante (The Prophet). Tout réussit à ces Chauves Souris Chicano qui imposent leur genre, hybride et auquel les guitares peuvent amener du mordant, de manière imparable. Le final de l’album est par ailleurs sans faiblesses. Bella riffe funky, à la fois brut et serpentant. Lumineux et vivifiant, le disque se distingue de bout en bout. Il ne faiblit pas même en son terme, où nous attend ce Wounds soul et valorisé, c’est une constante remarquable, par des envolées sonores de premier choix.
Bonne pioche donc, à nouveau, pour Chicano Batman et son registre efficient, stimulant, dansable et appréciable. Qui sur cette ébauche de qualité porte les quatre Chicanos au dessus de la mêlée. Avec, en surplus, une joie de jouer et de composer qui transparaît sur l’effort concerné.