Formé suite à la dissolution de Disappears (dommage), Facs réunit le guitariste Brian Case et le batteur Noah Leger, rejoints en 2018 par la bassiste Alianna Kalaba, sur Lifelike. Void Moments est leur nouvel album, on y navigue plaisamment entre rock psyché, shoegaze façon My Bloody Valentine (les zébrures à la Loveless de Version) aussi léthargique qu’attirant, et post-punk farouche qu’une certaine élégance contribue à relever (un épatant Boy en ouverture, avec, de plus, un chant façon Scott Mc Cloud de Girls Against Boys). Pas d’inquiétude à avoir, Void Moments est de plus varié, jamais dans le dur. Teenage hive, menaçant sans vraiment exploser, sent le soufre. On se prend vite au jeu, le trio de Chicago posant ses climats intenses et retenus avec un belle science du groove vicelard. Il semble que le disque soit de ceux qui, après 2 écoutes, ne quitte plus le mange-disques. On se laisse séduire, tout autant, par le shoegaze vaporeux, complètement entêtant, de Casual indifference. Ses notes en boucle nous rentrent en tête, il est alors impossible de les en chasser. Psyché dans sa répétition, le morceau développe un climat lascif et doucement mordant. Il y a de l’idée dans ce que fait Facs. S’y ajoute une facilité, évidente, à posséder les oreilles.
Il parvient, de surcroît, à plaire sur des durées étendues. C’est le cas par exemple sur Version, décrit plus haut. Void walker le suit, fort de ses soudaines secousses, en imposant un son un brin inédit. Facs est aussi inventif, un tantinet bruitiste, et marque son retour d’une empreinte ineffaçable. Le dit morceau est orageux, asséné, et fait valoir des écarts bien noisy. On apprécie.
Avec Lifelike la batterie, couplée à des sonorités triturées, aux limites de l’indus, mène la danse. On n’est pas loin, non plus, des contrées tribales. Facs nous pond un opus singulier, versatile sans perdre en pertinence. Bien au contraire; il allie fantaisie sonore digne d’intérêt, expérimentation, et tentatives plus « normées », avec aplomb. Il ne dure cependant que 7 titres, Dub over venant terminer en mode shoegaze bien dreamy, sur une durée plus conséquente qu’à l’habitude, la livraison probante des Américains.
Ceux-ci, par l’empilement de strates successives sans complexité irritante, s’en sortent avec les honneurs. L’ultime jet place même des vocaux « robotiques », bien amenés, qui surlignent une atmosphère prenante. Le coup est réussi. On ne s’en étonnera guère s’agissant d’un produit de chez Trouble in Mind Records, le dernier opus de la structure décrit ici étant l’excellent Juillet d’ En Attendant Ana.