Ce groupe italien a déjà 14 ans. Pas même majeur donc, il sort pourtant des albums…majeurs et de qualité supérieure dont le dernier en date, ce Shadow of a rose au style racé, renforcera sans nul doute le nombre de ses « suiveurs ». Movie Star Junkies, puisque c’est de lui qu’il s’agit, le sort de plus sur une structure indé de chez nous: Teenage Menopause, recommandable et recommandé. Le label en rêvait, c’est désormais effectif et les 5 gaillards mobilisés, à savoir Stefano Isaia– Vocals, Organ; Caio Miguel Montoro– Drums; Vincenzo Marando– Guitars, Vocals; Alberto « Boto » Dutto– Guitars et Emanuele « Nene » Baratto– Bass, sont bien loin, pour le coup, de se foutre de la gueule du monde. En esthètes dopés au rock vicelard, il élaborent 10 titres qui font bien exprès, les farceurs, de ne pas choisir entre impact et élégance. L’éponyme Shadow of a rose -tiens, il m’évoque le Gun Club et ce n’est pas la première fois que j’écris ceci; en général, ça s’adresse aux groupes « forts-, qui inaugure le retour du band, emporte le quidam dans son énergie saccadée, griffue, qui de suite nous lance à sa poursuite. MSJ y inclut de la grâce -pas trop, juste de quoi faire scintiller sa rugosité-, et se permet de confirmer dans l’instant avec Song of the silent snow. Il y prend une tournure plus posée, reste malgré cela alerte, se la « joue », si on peut dire, folk animé. Avec des tonalités bluesy qui montrent qu’en plus de se montrer performant, il a le don d’embellir ce qu’il fait.
East end serenade, avenant/piquant, assied le style, cousu d’un fil qui jamais ne se défile, du quintet. Il est beau, un peu « dirty », rugueux et pas creux. Violence, lui, nous trompe en exhalant un déroule à la finesse enjôleuse. J’avais découvert ce combo à l’ASCA de Beauvais, il y a déjà quelques années, où il sut enflammer le Barasca et nous offrit un sacré bon moment. Ici, c’est sur le plan discographique qu’il nous emballe. On est preneurs, demandeurs même, de ce type de disque à la sincérité persistante.
On s’enthousiasme, aussi, pour les riffs de Your beauty tortures. C’est du rock, bien balancé, bien décoré, grondeur et bien sapé. La face B commence, dans la foulée, avec un To others than you rock, similaire dans l’impact des riffs, son côté cru mâtiné d’élégance. Puis Opium (du peuple?), un tantinet psyché, impose ses coups de sang quand on ne les attend plus. Légèrement exotique dans son ornement, il marie colère et dépaysement. Blind, après lui, torpille un rock furieux. On ne peut résister, Movie Star Junkies nous en refile de la bonne…en bon junkie qu’il prétend être. Un junkie sonique alors, shooté au rock venimeux. Dans ce répertoire, il incite à une belle foire et grappille, à l’occasion, des galons supplémentaires. Il breake sur le titre en question, puis trace avec rudesse.
Woman undone se charge ensuite de panser les plaies. Sa joliesse bluesy, un peu sous-tendue, en fait une accalmie largement fréquentable. Enfin, c’est She came around, guitares crues en poche, voix singulière également, batterie cogneuse par dessus le marché, qui nous dépose entre les fouilles un rock belliqueux. On n’en attendait pas moins, c’est l’une des spécialités d’un groupe au talent de plus en plus prégnant, sur sillon comme en salle.