Rapido de Noir – Broken EP

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1957
Issu du sud de la France, Rapido de Noir se résume à un duo qu’on pourrait situer entre post-punk, cold et new-wave. Il s’est formé en 2009 et ce EP constitue sa première sortie. On y trouve quatre titres dont le premier, Broken, évoque un Talk Talk endiablé et fait ressurgir le parfum du meilleur des 80’s. Pat Bakelite : Vox – Synths – Guitar, et SaMag : Bass – Guitars – Synths – Prog – Prod y mêlent synthés enivrants, ligne de basse profonde et voix Bowiesque du plus bel effet, et signent d’emblée une superbe réussite, de celles qui incitent à des écoutes répétées voire compulsives. Le style, s’il parcourt  et sollicite des bribes musicales différentes, s’avère hybride et entièrement personnel et Slow emergency, le second morceau, rappelle le New Model Army de Justin Sullivan dans une version cold ou le Killing Joke de Fire Dances. Aussi tubesque que le premier, il dévoile et consacre un duo de talent, dont on comprend vite que ses productions ne peuvent, de par leur parfait contenu, souffrir la moindre critique acerbe.

En outre, l’énergie des morceaux apporte le petit plus, la vigueur communicative, alliée à ce côté cold-wave que la paire étoffe avec à propos, qui fait la différence, et l’alliage entre guitares à la fois fines et cinglantes et basses rondelettes et galopantes est proprement irrésistible.

Ce sont d’ailleurs ces basses jouissives qui introduisent ensuite Silly mom song, à la voix dans un premier temps sensuelle. Les claviers, aux motifs une fois encore géniaux, accompagnant le tout de brillante manière pour accoucher d’une plage au contenu convoquant de grands noms sans qu’aucun de ceux-ci ne puisse être directement affilié à ce que fait Rapido de Noir. Le groupe ayant de plus l’idée de ralentir le tempo pour amener autre chose à sa dynamique d’ensemble, il va sans dire que cette troisième tentative atteint, à l’instar des deux autres, des sommets d’excellence.

Broken ne comportant que quatre morceaux (un Shaun de haute volée est toutefois dispo depuis peu et vient étayer le panel des deux bonshommes), on en arrive alors à la dernière chanson, Spurt of ego.
Synthés atmosphériques, quatre-cordes, rythme affirmé ou syncopé, guitares malignes s’imbriquent et forment un climat aussi enlevé qu’aérien, aux sautes d’humeur bien en place, qui entérine une bonne fois pour toutes la qualité supérieure de ce EP, et la valeur d’un groupe dont les sorties futures devront être passées au crible tant le rendu de Broken dévoile de petites perles aussi actuelles que trouvant leur source dans une période antérieure.