Inclassable et déroutant, Dilatazione, quintet issu de Prato, officie dans une veine qu’on pourrait qualifier d’expérimentale, teinté de math-rock (Dividing goblins, qui inaugure les festivités dans une enivrante trame soul-rock déjantée) ou d’electro (Don’t make that joint), et appuie parfois franchement sur la pédale rock (Bettino Krauti) à la Marvin en moins touffu et plus basé sur les samples vocaux. La trame des morceaux, délibérément changeante, peut déstabiliser -c’est l’inconvénient d’un album aussi touffu et imprévisible-, mais débouche sur de formidables réussites, qui demandent un effort d’écoute mais dévoilent, passé ce cap, de nombreux moments de plaisir auditif. Le groupe use à l’occasion de cuivres greffés à des plans soul déviants (Exit poll-Marx on Mars), ou part dans une electro-pop spatiale qui pourrait rappeler Air en bien plus fougueux (Cam merton). Il finit par imposer sa patte, d’autant plus affirmée qu’il ne s’agit là que de son second opus, et donner un coup de fouet à cette rentrée musicale à laquelle l’arrivée d’albums hors-normes tels que celui-ci ne peut que faire le plus grand bien.
Sur sa seconde partie, The importance of maracas in the modern age livre un Exit music (for a western) -clin d’oeil à Radiohead?-, fin et atmosphérique, puis un Motorino aux percus puissantes et voix traficotées, aussi psyché qu’agité, et se…disperse tout en séduisant, entre autres sur Once we were truzzi-E.doser makes me sick, qui se situe dans le parfait prolongement math de Motorino. L’étoffage sonore est particulièrement inventif, inédit, et fait aussi la particularité de Il motivetto « Tastinieri », dixième morceau, instrumental, pas éloigné des instrus façon Beastie Boys, musicaux et hautement barrés. Le cheminement reste dans cet esprit sur Objects in mirrors are close than they appear, l’ajout de voix à la fin du titre constituant toutefois une différence et un ajout judicieux. Puis c’est West Germany 1974-South Africa 2010, presque Floydien, au tempo varié et doté de voix en mode « chorale », qui met fin à un excellent disque, aux douze compos détachées de tout souhait de « normalité ».