Trio dijonnais, Don Aman fait dans le folk-rock au joli filet de voix, dont la paisibilité est soudain troublée par de belles déflagrations noise. Monsterlock est sa troisième sortie, elle assied un style personnel et changeant dans ses humeurs, comme mon descriptif hâtif peut le laisser augurer. Sur sept titres millésimés, les garçons trompent leur monde, développent une atmosphère troublante mais plutôt feutrée avant que la dynamite des guitares ne lézarde allègrement son beau tableau (Nothing). L’union de la classe et de la crasse, celle qu’on aime car sonore elle est, est célébrée. A l’instar de Foxeagle, qui réside dans la même ville, on dérange avec adresse l’apparente sérénité des titres joués. L’éponyme Monsterlock, en seconde position, dissonne gentiment avant de complètement se fissurer. On dirait du Sonic Youth, les brèches sont bruitistes et vont de pair, sans heurts, avec la joliesse vocale. Par ce biais Don Aman, sans temps mort, divertira son auditoire de bien belle manière.
Glory, de ses sons d’ailleurs, un brin asiatiques, étonne. Sa batterie claque, le chant est imperturbablement élégant. Sur des temps brefs, les guitares déraillent. L’opposition voulue entre sonorités claires et coups de canif guitaristiques est de taille. Elle donne du relief, et du cachet, à Monsterlock. Fichtre!, on a là et une fois de plus, pour notre bonheur, une révélation venue de chez nous. C’est très fréquent, je le répète n’en déplaise aux conneries récemment énoncées par Keith Richards dans l’essoufflé Rock And Folk. Le rock de France n’est pas creux, loin s’en faut, et Don Aman le prouve. Son Mark, décliné en deux parties, est d’une teneur folk-indé bien cadencée et bien balancée. Le fond est sombre, mais l’instrumentation plutôt lumineuse. On ne répète donc pas inlassablement une recette, celle-ci peut varier et ça n’en renforce que plus encore le rendu.
Coral, aérien, unit chant et choeurs; c’est beau. Sur son second volet, le titre commence à glisser…direction le noisy sound. Il le fait dans une certaine retenue, ses éruptions sont belles, sales comme on aime à les entendre. La voix les nacre, une fois de plus le résultat se passe de tout commentaire négatif. Schwindler, en fin de liste (elle était un peu trop facile), impose ses notes distinguées, son groove léger mais malgré tout soutenu. Un break expérimental survient, se prolonge jusqu’à la fin du morceau. On entend des voix et applaudissements, tels ceux que mérite Don Aman pour ce mini-album de belle facture. Qui sort, notons-le bien, sur différentes structures précieuses, qu’il importe de garder en vie et dont les catalogues méritent beaucoup plus qu’un simple coup d’oeil à la va-vite.